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Émile Zola Lourdes Le 11 février 1858, une jeune paysanne lourdaise, Bernadette Soubirous, assure avoir vu dans une grotte une "dame avec une robe blanche et une ceinture bleue", apparue à elle seule. La rumeur se répand que la Sainte Vierge s'est montrée à Bernadette. Quatre ans plus tard, un mandement épiscopal proclame la réalité des apparitions. Les foules se pressent désormais à Lourdes dans l'espoir d'une guérison miraculeuse de leurs maux. Ce grand mouvement de foi, de souffrance et d'espérance ne s'est jamais tari, en dépit de tous les doutes.
Zola passe une première fois à Lourdes en septembre 1891. Il reste stupéfait et songeur devant "le spectacle de ce monde de croyants hallucinés" - et aussi devant "le colossal mouvement d'argent qui l'accompagne". Il y retourne en août 1892, et y tient quotidiennement le journal d'un pèlerinage, visitant la grotte, accompagnant les processions, assistant aux constatations médicales, interrogeant les organisateurs, les prêtres, les commerçants, les médecins, les logeurs, etc. Rien de tout cela n'entame sa pitié ni son scepticisme, ni son désir de dépeindre dans un grand roman les formes et les drames de cette mystique collective. Ce sera Lourdes, le premier roman d'une trilogie intitulée Les Trois Villes, qui succédera au cycle des Rougon-Macquart et élargira son regard romanesque: d'une famille d'autrefois à la ville d'aujourd'hui.
Lourdes paraît en août 1894. Les polémiques surgissent aussitôt. On ne pardonne à Zola ni son incrédulité, ni son dévoilement des coulisses et des "petits mystères" de la ville. L'oeuvre s'imposera cependant par l'ampleur de sa matière, le pathétique de ses personnages, la rigueur de sa composition, la précision de son enquête, et, par-dessus tout, son grand souffle d'émotion: le ballet macabre des agonisants, la contemplation désolée d'une humanité parquée dans une antichambre de l'enfer alors qu'on voudrait y voir une porte ouverte vers le retour à la vie, une longue et moderne méditation sur l'absurdité cruelle de l'existence.
Ou comment Emile Zola sublime le plan-séquence littéraire à l'intérieur d'un train de pèlerins malades. Comment Zola pose également un regard d'une formidable acuité sur la foi confrontée au réel, le religieux au commerce, l'humain au désespoir. Un roman passionnant.
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