"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le testament d'un amiDébut 1968. L'ex-commissaire Verne poursuit ses investigations pour l'écriture d'un livre sur les intérêts de la France en Afrique de l'Ouest. Il reprend contact avec Moreno, un homme d'affaire rencontré dans la capitale gabonaise de Libreville, impliqué dans des sociétés aux finances obscures et étroitement liées au gouvernement français. Malheureusement, en raison d'un évènement dramatique, son livre n'aboutira jamais... C'est Berlier, son ancien subordonné et nouveau commissaire de la PJ qui reprend l'enquête. En la mémoire de son collègue, pour son ami, il tirera toute cette affaire au clair...
Par où commencer pour vous dire tout le bien que je pense de ce cinquième tome et, plus généralement, de cette série.
Bon, la série, d’abord. Elle est globalement centrée sur « les évènements » d’Algérie comme on nommait pudiquement cette sale guerre à l’époque. Ce choix n’est pas anodin car il s’agit là de l’un des éléments fondateurs de la Cinquième en ce sens où c’est pour régler le cas de l’Algérie que De Gaulle est rappelé au pouvoir en 1958. Il en profite pour faire voter une nouvelle constitution renforçant les pouvoirs de l’exécutif comme on ne l’avait plus vu depuis la monarchie. Dans la foulée, il déçoit une partie de ceux qui l’ont fait revenir en orientant sa politique vers un règlement définitif du conflit algérien passant nécessairement par l’indépendance de la plus ancienne colonie française. Les coups tordus mis en place à l’époque (les barbouzes, le SAC, la France-Afrique, Jacques Focart, etc.) auront des répercussions sur la politique française durant les 30 à 40 années qui suivront.
Dans cette série, Richelle mélange savamment des éléments d’évènements ou de personnages réels avec de la fiction sortie tout droit de son imagination mais qui aurait pu arriver. Des passeurs de valises français en direction des maquis algériens aux ratonnades de l’OAS, du racket systématique du FLN pour financer ses actions « terroristes » à la répression sanglante du 17 octobre 61 par la police « républicaine » d’une manifestation contre la guerre, et, encore, des intérêts stratégiques nationaux (le pétrole, encore et toujours) au meurtre d’état, les cinq tomes des Mystères de la Cinquième République couvrent un panel assez complet de ce qu’ont pu être ces années troubles.
La trame narrative est identique aux 2 autres séries parallèles, les mystères de la Troisième et de la Quatrième République. Les premières pages du tome 1 nous présentent le personnage principal dans une situation plus ou moins tendue : condamné à mort, en train d’acheter une arme de poing illégalement ou, comme ici, en train d’écrire un livre explosif sur la France-Afrique. Puis, on nous déroule un flash-back durant les 4 tomes suivant pour arriver au dénouement du cinquième tome. Encore une fois, c’est assez classique mais ça reste très efficace. D’autant plus que les scénarii des épisodes pris individuellement sont de bonne facture et l’on s’ennuie pas du tout en les lisant.
Ensuite, concernant ce tome en particulier, je dis : « chapeau » : -Spoiler Alert- faire mourir le héros de sa série déjà, respect, mais au bout du tiers de la BD, GROS RESPECT. D’autant que ce décès prématuré permet de faire émerger un peu plus un personnage secondaire pas spécialement sympathique (il n’y a qu’à voir comment il parle des « bicots » au long des tomes précédents) le commissaire Berlier. Un peu comme dans les mystères de la troisième république d’ailleurs, Philippe Richelle nous refait le coup de l’inspecteur Lacaze, et ça marche. C’est d’ailleurs l’un des talents de cet auteur que de nous servir des personnages secondaires tout en relief, avec leurs défauts et leurs qualités, auxquels on peut tout même s’attacher, alors que ses héros sont eux un peu plus lisses, humains certes, mais plus lisses. Je ne vous raconte pas la chute finale (je ne vais tout de même pas tout vous dévoiler !) mais ça m’a bien plu.
Question dessin, j’ai apprécié l’évolution du trait de François Ravard au cours de la série. Passant d’un trait assez épais sur le premier tome à quelque chose de plus affiné sur les tomes suivants. J’ai juste un regret mais il concerne les couleurs. Autant j’apprécie généralement le côté lumineux de la mise en couleur de Claudia Boccato, autant je trouve dommage les fonds numériquement dégradés (notamment certains ciels), qui émaillent cet album. Ça gâche un peu le plaisir.
Quoiqu’il en soit, les auteurs ont su (une fois de plus pour Richelle) conclure de fort belle manière cette très bonne série.
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