Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Avis de la page 100 :
La belle Ichrak est retrouvée assassinée dans une rue de Casablanca, mais pour l'heure le meurtrier n'est pas arrêté , beaucoup de suspects apparaissent car cette jeune fille était très remarqué par les hommes.
Elle avait un ami, un certain Sese qu'elle ne craignait pas car il la respectait alors la suite de l'histoire se profile en une enquête qui je l'espère saura me combler.
Ichrak est retrouvée morte au petit matin par son ami Sese Tshimanga. La plus belle fille du quartier de Cuba, à Casablanca, ne fera plus tourner les têtes de tous les mâles du coin.
Le commissaire Mokhtar Daoudi ouvre une enquête mais n’ira pas très loin dans ses investigations.
Résoudre le meurtre d’une fille, soit disant aguicheuse, vivant avec sa mère, folle, ne fera pas avancer sa carrière de policier.
L’auteur, In Koli Jean Bofane, nous dresse un portrait haut en couleur des habitants des quartiers Cuba et Derb Taliane. « La Belle de Casa » fourmille de gens plus ou moins honnêtes dans la vie. Il est un conteur hors pair, avec un vrai sens du dialogue. Il a un humour caustique, bien aidé par certaines paroles du rappeur Booba :
« La rue m’a rendu fou, je suis fou d’elle
Je n’ai d’yeux que pour elle
La seule qui me convienne
Je suis tombé pour elle »
« Rien à foutre, si tu parles mal, on va t’allumer
J’veux pas faire la paix mais j’veux bien fumer le calumet. » (page 107)
Le personnage qui va servir de fil rouge dans le livre est bien sûr Ichrak. Elle est révoltée par la concupiscence des hommes. Elle ne supporte plus ces regards appuyés du fait de sa belle silhouette. Elle veut être respectée dans ce monde machiste.
L’absence du père, dès sa naissance, la hante. Est-ce qu’il habite le quartier, Casablanca ou était-il un étranger de passage ?
Ichrak vit avec sa mère, Zahira. A l’âge de sa fille, elle aussi, était considérée comme la plus belle fille du quartier. Elle a un don pour prédire l’avenir. Beaucoup de personnes viennent la voir.
Et puis, on fait la connaissance de Sese Tshimanga. Venu du Congo pour immigrer en France ou en Belgique, son passeur l’a largué au large du Maroc, en plein océan Atlantique.
« Quand Sese avait embarqué, l’Algérien lui avait pris près de la moitié de son argent en dollars. La sorte de cachot qu’il lui avait offerte était un réduit dans la cale du sardinier. Il ne pouvait même pas s’y allonger complètement. Le voyage lui avait paru long, mais finalement il ne l’était pas assez, car une nuit Farès lui ouvrit la porte après lui avoir fait ramasser son sac…. Farès, d’une bourrade, venait de le faire chuter dans un canot pneumatique aussi flétri qu’un ballon de baudruche après une nuit de fête agitée. » (pages 15-16)
Il vit de petits « boulots » et essaie d’entraîner Ichrak dans sa combine.
« Parce que Sese était ce qu’on appelle un brouteur, un genre de cyber-séducteur africain. Un de ces types - très jeunes, souvent - qui entretiennent une cour avec quelques dizaines, parfois même des centaines, de femmes amoureuses, pratiquant une drague forcenée dans le but de leur soutirer de l’argent en jouant sur les stéréotypes de l’Afrique indigente…. » (page 20)
Nous avons ici les trois principaux personnages du livre d’In Koli Jean Bofane.
L’auteur nous dépeint, aussi, ces petites frappes, toujours prêtes pour un sale coup, du moment que ça paie bien : Nordine Guerrouj et Yacine Barzak.
Les riches ne sont pas épargnés : Saqr al-Jasser, millionnaire saoudien venu faire des affaires à Casablanca. Il veut construire des immeubles de luxe à la place des quartiers Cuba et Darb Taliane, pauvres et délabrés.
Son homme de main est une femme : Farida Azzouz.
« Parce qu’à Casablanca, la pauvreté était insolente, elle ne se dissimulait pas derrière un périphérique, elle faisait face à la richesse, celle qui s’affichait par des parois de béton et de verre conçues par des architectes prestigieux. » (page 18)
En toile de fond souffle le Chergui, appelé le Sirocco en Europe, qui peut rendre fou n’importe qui.
« Chergui déferlait sur le pays et les peuples s’y étaient accommodés de génération en génération depuis des millénaires. Ces derniers temps, pourtant, le vent perdait de sa suprématie sur les terres qu’il traversait jadis…. le Changement climatique pouvait désormais exposer clairement sa volonté de s’accaparer du pouvoir sur le globe…. Tout ce à quoi Chergui aspire, c’est survoler la Méditerranée en passant par Gibraltar, les Baléares, poursuivre vers la Provence, la Sicile, le Mezzogiorno et accomplir le destin qui lui a été assigné en devenant Sirocco dans ces contrées-là. » (page 37)
Dans ce livre, l’auteur développe certains thèmes : la corruption immobilière, la concupiscence masculine, la précarité des migrants. Il situe son histoire à Casablanca mais, au fond, ces thèmes sont universels.
Je ne peux pas finir ma critique sans parler de la superbe couverture du livre. Avoir Keziah Jones, en photo, c’est de la bombe comme pourrait le dire le rappeur Booba.
In Koli Jean Bofane nous fait entrer de plain-pied dans l’histoire de ce roman avec l’annonce, dès les premières lignes, de la mort d’Ichrak.
On comprend très vite que la belle jeune femme a fait tourner bien des têtes au sein du quartier de Casablanca où elle vivait. Et chacun des protagonistes dont elle a croisé la route devient potentiellement un suspect. Y compris le jeune congolais, Sese avec qui elle a mis sur pied un « business » sensé leur rapporter de l’argent.
Je me suis très vite sentie embarquée dans cette intrigue et par la plume de l’auteur, que je découvrais avec ce roman.
In Koli Jean Bofane manie habilement l’humour féroce mais pose aussi des mots très lucides sur les travers de cette société moderne où les trafics, les arrangements, la corruption, la précarité et la violence sont omniprésents.
Étrangement, la première partie de ce roman m’a rappelé le livre de Jean-Christophe Rufin, Le Suspendu de Conakry, notamment dans la façon de détailler les personnages et de mettre des touches d’humour tout au long du récit. Je pensais d’ailleurs que le livre nous amènerait à suivre le commissaire Daoudi dans son enquête pour résoudre le meurtre. Toutefois, on s’aperçoit vite que la mort d’Ichkar est surtout un point de départ pour raconter la vie de ce quartier de Casablanca où s’entrecroisent les vies des différents personnages, galerie de portraits savoureux et la recherche du meurtrier devient presque accessoire.
La seconde partie prend d’ailleurs un tour plus grave au fur et à mesure que se dessinent le portrait, le parcours et la vie d’Ichrak mais aussi de sa mère, Zahira.
J’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteur nous amène à aimer ses personnages et à s’intéresser à leurs difficultés, sans doute parce qu’on ressent une certaine tendresse de sa part pour Ichkar et Sese notamment, tendresse qu’il nous fait totalement partager. La jeune femme libre, fougueuse, fière porte en elle la blessure de l’absence d’un père et le fait que sa mère ne veuille pas lui parler de ses origines. Elle devient presque naturellement amie avec Sese, clandestin, arrivé au Maroc à cause d’un passeur escroc et adepte du système D pour s’en sortir. Ces deux personnages sont véritablement attachants.
Un autre point très positif est que ce livre m’a permis de connaître de nombreux détails de l’histoire du Congo, pays dont est originaire Sese.
Au final, une très jolie découverte en ce qui me concerne et un livre qui contient tout ce que j’aime dans un roman : des personnages attachants, une intrigue qui, sous couvert d’enquête criminelle, nous amène à une réflexion plus large, beaucoup d’humour mais aussi d’empathie pour les personnages et une écriture très fluide qui fait que le livre se lit d’une traite.
Rendez-vous de la page 100
J’ai commencé la lecture du livre de In Koli Jean Bofane sans aucun a priori et sans connaître l’auteur, je l’avoue.
Et le charme a tout de suite opéré. Une intrigue qui démarre dès les premières lignes, des personnages bien campés et auxquels on s’attache vite, beaucoup d’humour et une écriture fluide, tout cela m’a rapidement happée et j’ai hâte de savoir où me mènera le dénouement à travers les rues de Casablanca !
Chronique :
Alors que le chergui, un vent violent, souffle sur Casablanca, la colère gronde dans la ville. La belle Ichrak vient d'être assassinée dans une ruelle d'un quartier populaire. C'est Sese, jeune clandestin venu du Congo et ami de la jeune femme qui la découvre et sans attendre part prévenir le commissaire Daoudi.
Cette enquête criminelle est un prétexte que l'auteur utilise pour nous entraîner au cœur de la ville et de la délinquance qui y règne : corruption immobilière, magouilles sur internet, trafics en tout genre etc.
J'ai apprécié le ton engagé de l'auteur qui dénonce la situation des migrants au Maroc, la violence qu'exercent les hommes sur les femmes et les personnes en quête de pouvoir et d'argent qui sont prêtes à tout pour obtenir ce qu'elles souhaitent.
L'auteur à travers différents personnages dresse un portrait de la société marocaine contemporaine.
J'ai aimé la description des personnages, qui est très travaillée. L'auteur arrive à nous les rendre sympathiques bien qu'aucun ne soit vraiment très honnête.
Il instille une ambiance très singulière en utilisant un événement météorologique qu'il intercale avec brio dans l'intrigue. Ce vent venu du désert fait ressentir le climat d'une lourdeur inquiétante et suffocante qui pèse sur la ville.
Je suis toujours un peu déroutée par la littérature africaine qui se nourrit beaucoup de l'oralité mais ce roman m'a un peu réconciliée avec celle-ci. En effet, si j'étais sceptique au début de ma lecture, j'ai su apprécier la suite et notamment la plume sans langue de bois de l'auteur.
Rendez-vous de la page 100 :
Sese Tshimanga est un clandestin qui souhaitait se rendre en Europe, mais abusé par un passeur peu scrupuleux, il se retrouve à Casablanca. Dans une ruelle d'un quartier populaire de la ville, il découvre le cadavre de la belle Ichrak et se rend au commissariat afin d'avertir le commissaire Daoudi qu'il connaît bien.
Ichrak était une jeune femme qui n'avait pas sa langue dans sa poche. Qui a bien pu la tuer ? Avait-elle des ennemis ?
A travers cette enquête criminelle, l'auteur dénonce la corruption immobilière, les magouilles et la précarité des migrants qui sévissent dans le pays.
J'apprécie la plume engagée et l'écriture fluide de l'auteur sans être réellement emballée. J'attends de découvrir la suite afin de me faire une idée plus précise.
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Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
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