Une mère possessive, un fils adulé, un père évincé, voilà une famille totalement dysfonctionnelle qui se disloque lentement au fil des pages de ce roman.
Aucun des personnages n’y a de nom, ils sont juste désignés par ce qu’ils représentent, le père, le fils, le parrain, la marraine. Tous...
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Une mère possessive, un fils adulé, un père évincé, voilà une famille totalement dysfonctionnelle qui se disloque lentement au fil des pages de ce roman.
Aucun des personnages n’y a de nom, ils sont juste désignés par ce qu’ils représentent, le père, le fils, le parrain, la marraine. Tous participent plus ou moins consciemment à l’éducation intransigeante et exclusive de cette mère maladivement centrée sur son fils chéri, « la chair de sa chair ».
L’élevant sur un modèle élitiste, elle est omniprésente dans la vie de ce dernier et décide tout à sa place : elle lui inculque sa propre passion de l’art, choisit son futur métier de commissaire-priseur qu’elle rêvait d’exercer, le pousse à fréquenter une multitude de jeunes filles pour ne s’attacher à aucune. Et ce garçon intelligent et sensible cède à toutes les exigences de sa mère avec une soumission déconcertante.
Faisant de la tragédie grecque l’inspiration de son roman, Harold Cobert revisite le mythe de Périandre, le tyran sanguinaire de Corinthe qui fut élevé par une mère abusive et incestueuse et tua, entre autres, tous les membres de sa famille et, de sa plume percutante, il intercale cette légende antique dans le fil de son récit.
Ce roman ouvre un gouffre sous nos yeux qui inspire effroi et stupeur et j’en ressors déroutée et quelque peu secouée par sa fin si sombre. Le réalisme de cette histoire est palpable et il me laisse une certaine amertume dont je ne peux me défaire.
Espérant qu’aucun fils n’ait à subir une influence maternelle si destructrice, je me console en me disant que ce conte est une création originale, née de l’imagination d’un auteur inspiré.
Merci à lecteurs.com et aux éditions Robert Laffont pour ce roman.