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Etienne Kern

Etienne Kern
Étienne Kern, ancien élève de l'ENS et agrégé de lettres, vit à Lyon où il enseigne en classes préparatoires. Il est l'auteur de plusieurs essais littéraires et a reçu le Prix Goncourt du premier roman en 2022 pour son ouvrage Les Envolés.

Avis sur cet auteur (45)

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    Couverture du livre « Les envolés » de Etienne Kern aux éditions Gallimard

    Magali BERTRAND sur Les envolés de Etienne Kern

    Il arrive, lorsque les fées 68 ou d’autres camarades lecteurs ou lectrices ont su se montrer particulièrement convaincants, que, sans le savoir, j’anticipe l’appel d’une sélection à venir, par l’auteur alléchée en quelque sorte. Tel fut le cas d’Etienne Kern et de ses Envolés, posés juste à...
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    Il arrive, lorsque les fées 68 ou d’autres camarades lecteurs ou lectrices ont su se montrer particulièrement convaincants, que, sans le savoir, j’anticipe l’appel d’une sélection à venir, par l’auteur alléchée en quelque sorte. Tel fut le cas d’Etienne Kern et de ses Envolés, posés juste à temps entre mes mains pour saluer le départ de la version 2022 des 68 Premières Fois.
    De l’auteur de ce premier roman bien moins léger que son titre ne le laisse supposer, on a envie de dire « Ne le secouez pas, il est plein de larmes … » ; de larmes et de vertige, qui « n’est pas », comme il le rappelle justement « la peur de tomber mais le désir de sauter ». En racontant la fin brutale de Franz Reichelt, malheureux non-inventeur du premier parachute dont les espoirs se brisèrent au pied de la Tour Eiffel un matin de l’hiver 1912, Etienne Kern donne un contour à sa plus grande angoisse, terreur obsessionnelle de chute inscrite à tout jamais dans la mémoire familiale, peur irrationnelle partagée par tant d’entre nous. En comblant les blancs de son histoire, il lui redonne une vie trop vite arrachée, il lui souffle une âme, lui restitue un cœur qui bat, qui s’enflamme, qui s’émeut, des espoirs cachés, des amours rêvées, un avenir espéré. Il l’extirpe de ces quelques images saccadées dans lesquelles l’Histoire, la non-postérité et son destin désolé le retenaient prisonnier, chauve-souris crucifiée par ses ailes entre deux piques d’ironie malsaine. Tout au long de ce très joli texte en apesanteur, on sent planer l’ombre palpable d’une lancinante mélancolie qui semble vouloir s’accrocher aux pas de Franz comme aux mots d’Etienne Kern, faisant d’eux des poètes dont les semelles de vent ne sauraient lutter contre ce plomb dans leurs poches. Des poètes, pourtant. Des rêveurs, des essayeurs, inventeur ou réinventeur d’une solution pour tomber moins vite, pour se relever, pour continuer. Aller plus haut ? Peut-être pas, mais plus loin, tenter de faire abstraction du poids qui entrave et encombre, ne pas succomber sous la charge de la mémoire mais s’appuyer sur l’élan inachevé de « nos chers envolés »pour prendre l’air à son tour, telle est la suggestion doucement murmurée entre les pages de ce roman poids plume dont la poétique singularité reste gravée au creux de l’âme comme cette seconde suspendue où tout se joue, entre envol et vertige.

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    Couverture du livre « Les envolés » de Etienne Kern aux éditions Gallimard

    Les Lectures de Cannetille sur Les envolés de Etienne Kern

    Le 4 février 1912, les caméras filmaient en direct la mort de Franz Reichelt, alors qu’il essayait son invention de costume-parachute depuis le premier étage de la tour Eiffel. Qu’est-ce qui avait bien pu pousser cet homme à sauter, quand tous l’avaient prévenu qu’il n’avait aucune chance de...
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    Le 4 février 1912, les caméras filmaient en direct la mort de Franz Reichelt, alors qu’il essayait son invention de costume-parachute depuis le premier étage de la tour Eiffel. Qu’est-ce qui avait bien pu pousser cet homme à sauter, quand tous l’avaient prévenu qu’il n’avait aucune chance de réussir ? Etienne Kern reconstitue le parcours de ce tailleur pour dames d’origine autrichienne, mêlant à sa narration les interrogations qui le hantent depuis la mort par défenestration de deux êtres chers.

    Du vieux film en noir et blanc, l’on ne sait ce qui est le plus saisissant : des hésitations de l’homme avant son saut, ou du public et des caméras venus assister sans broncher à un dénouement que tous savaient inéluctable. Au-delà de la curiosité malsaine des foules, c’est à ce qui a pu conduire Franz Reichelt à une telle extrémité qui intéresse l’auteur, lui que la peur du vide assaille depuis la chute accidentelle d’un parent et le suicide d’une amie. Ses doutes et ses interrogations quant à ces deux fins dramatiques que rien ne laissaient prévoir, trouvent une résonance obsédante dans l’étonnant cheminement d’un homme que son métier de tailleur, associé à son amitié pour un ami mort de sa passion pour l’aviation, ont curieusement amené à défier toute raison.

    Pendant que le Paris de la Belle Epoque entrevoit avec optimisme un futur ouvert à tous les possibles d’un progrès technique en soudaine accélération, il faut bien des illuminés et des aventuriers pour s’élancer dans l’expérimentation des inventions, notamment celles qui entament la conquête du ciel. Franz Reichelt s’est-il laissé contaminer par une foi inébranlable en cet avenir magique ? A-t-il fini par prendre ses rêves pour des réalités, lui que son monde modeste, ses deuils et ses amours déçues clouaient au sol ? A moins qu’il n’ait choisi, en toute conscience, de préserver jusqu’au bout une illusion mortelle, mais qui valait pourtant mieux que sa morne et terre-à-terre réalité ? Sans les caméras qui le poussaient dans la lumière, aurait-il renoncé ?

    Une certaine tristesse étreint le lecteur qui l’accompagne dans la très crédible restitution historique d’Etienne Kern. Les réflexions contemporaines et personnelles de l’auteur contribuent à cette mélancolie, alors qu’elles apparaissent de plus en plus clairement relever du terrible questionnement dans lequel vous jettent ceux qui ont choisi de « s’envoler ». Un texte délicat et ciselé, tout en nuances et non-dits.

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    Couverture du livre « Les envolés » de Etienne Kern aux éditions Gallimard

    Squirelito sur Les envolés de Etienne Kern

    Les hommes ont toujours rêvé d’être des oiseaux, d’avoir des ailes pour survoler le monde, d’ailleurs les ingénieurs ont observé les mouvements des volatiles à l’envol pour imaginer comment le traduire avec la mécanique. Mais, combien se sont, non brûlé mais brisé les ailes… L’un d’entre eux...
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    Les hommes ont toujours rêvé d’être des oiseaux, d’avoir des ailes pour survoler le monde, d’ailleurs les ingénieurs ont observé les mouvements des volatiles à l’envol pour imaginer comment le traduire avec la mécanique. Mais, combien se sont, non brûlé mais brisé les ailes… L’un d’entre eux s’appelait Franz Reichelt, moins passionné par l’aviation que feu son ami Antonio, il songea néanmoins à imaginer un costume-parachute. Peut-être pour offrir un cadeau posthume à son ami qui s’était tué en avion.

    Reichelt était tailleur pour dames. D’origine autrichienne, son arrivée à Paris n’avait pas été triomphale mais peu à peu il avait trouvé une clientèle dans le quartier de l’Opéra. Cependant, il souffrait de la solitude, songeait toujours à un amour perdu. Pourquoi est-il allé au devant de la mort en sautant du haut de la Tour-Eiffel avec sa piètre invention ? Il n’est pas unique mais une vidéo a permis qu’on se souvienne de lui. Etienne Kern réveille sa figure ordalique pour raviver en parallèle la mémoire de ceux qui se sont envolés, peut-être vers d’autres cieux. Comme le soulignait si justement Jean d’Ormesson : « Il y a quelques chose plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants ». Ce roman en remplit parfaitement la mission.

    Le sujet du roman ne m’attirait guère mais l’écriture délicate d’Etienne Kern m’a fait tourner panache. D’une plume sensible, il relate la vie d’un homme qui ne parviendra jamais à surmonter les blessures successives et qui croît, à tort, que la montée dans les airs lui fera oublier la descente sur terre. Les ténèbres de la réalité sont masquées par une écriture poétique, un phrasé au charme d’antan et des personnages qui apparaissent comme des ombres chinoises et éclairés par le faisceau des mots.

    Blog Le domaine de Squirelito ==> https://squirelito.blogspot.com/2021/12/une-noisette-unlivre-les-envoles.html

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    Couverture du livre « Les envolés » de Etienne Kern aux éditions Gallimard

    Marie-Hélène Fasquel sur Les envolés de Etienne Kern

    Un roman dichotomique qui alterne un récit historique consacré à Franz Reichelt, héros des temps modernes, et les réflexions d’un narrateur qui cent ans plus tard analyse la situation et partage son ressenti avec le lecteur. Un texte puissant, élégant, beau et émouvant, sans mièvrerie, sans...
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    Un roman dichotomique qui alterne un récit historique consacré à Franz Reichelt, héros des temps modernes, et les réflexions d’un narrateur qui cent ans plus tard analyse la situation et partage son ressenti avec le lecteur. Un texte puissant, élégant, beau et émouvant, sans mièvrerie, sans pathos. Un premier roman particulièrement réussi ! L’intrigue nous propulse dans le Paris de la Belle Époque, parmi les héros, les inventeurs, les passionnés de l’aviation. Nous sommes immergés dans des recherches jusqu’au-boutistes, dans des passions qui déchirent tout sur leur passage, y compris l’amour pour
    Une femme incomprise et délaissée, stigmatisée par les conséquences d’une course au progrès obsessionnelle.
    À travers les déchirures des différents protagonistes, une exploration des nôtres.
    Un roman intemporel dont nous recommandons vivement la lecture !

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