Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Roman sans doute plus destiné à la jeunesse, mais qui est lisible par les parents qui ne s'y ennuieront pas. Eric Pessan et Olivier de Solminihac abordent le thème des réfugiés en parlant d'enfants et ils ont raison puisque nombre d'entre eux sont des mineurs. Un peu plus de cent vingt pages assez dures qui ne cachent pas la difficulté de vivre das un camp, la violence qui y règne, mais tout est tellement bien raconté, par le point de vue de Basile que les pré-ados et ados s'y retrouveront aisément. C'est bien vu parce que les deux auteurs n'infantilisent pas les situations ni ne passent par un langage à la mode qui, à mon avis serait inadapté. Basile est un garçon plutôt mur, qui se pose pas mal de questions, confronté à une situation de famille pas facile et qui découvre vraiment que les migrants sont des garçons comme lui, pas simplement des gens dont on parle à la télé.
"J'ai l'impression que l'on vit tous dans des mondes parallèles. On croit que les autres partagent notre réalité alors qu'ils sont à des années-lumières de nous. Des adolescents de mon âge traversent un quart de la planète pour échapper à la guerre, d'autres sont contraints d'êtres les pères de leurs pères. Et mon père, je pense, dans quel monde parallèle au nôtre a-t-il trouvé refuge maintenant qu'il fuit de plus en plus souvent ?" (p.61)
Un roman à lire et à faire lire aux ados, il permettra soit d'entamer une conversation sur les réfugiés, soit d'en continuer une déjà commencée, de se poser des questions, de chercher des réponses et voire même d'aller voir de plus près pourquoi et comment les réfugiés arrivent en masse et comment nous les accueillons.
Encore un roman dont il est difficile de sortir, complètement, indemne… Un bon livre, par définition. Un roman qui vous tient en alerte tout en vous kidnappant dans son univers fantastique. Un livre qui, une fois la dernière page tournée, reste ouvert dans votre esprit et continue de vous parler avec cette musique si particulière et envoûtante. Oui, j’ai aimé !
Dès les premières lignes, le lecteur est happé, pris à témoin. Une tension forte s’installe en quelques mots et nous plonge au coeur d’une angoisse palpable, un cauchemar qui paraît très réel. Les exergues de Poe et Stephen King nous avaient prévenus pourtant… Et d’un coup, tous les éléments pour créer l’état d’urgence sont là : cri de douleur, peur, terreur, impuissance, appel au secours.
Un samedi matin, Julie se réveille en hurlant de son rêve, un rêve étrange et déchirant. Elle est un petit garçon japonais perdu dans la forêt d’Hokkaido, volontairement et totalement abandonné. Mais est-ce vraiment un rêve ?
"J’ai poussé un long cri,
très long,
un cri terrible qui n’en finissait plus de jaillir de ma gorge,
de monter de mon ventre,
de naître de ma peur,
un cri qui charriait la douleur (…)"
Durant tout le week-end, Julie est appelée par son rêve. Secrètement et de façon entièrement naturelle pour elle, elle est liée à ce petit poucet japonais dans cette forêt effrayante, malgré les milliers de kilomètres qui les séparent. Elle est lui. Ils sont lui. Inséparables. Le sommeil est l’unique passerelle qui lui permet de le rejoindre, intérieurement. L’urgence est vitale, Julie sent qu’elle doit, qu’elle peut sauver cet enfant. Et son combat commence, entre réalité et imaginaire, lui puisant toute son énergie, bientôt au péril de sa propre vie. Dans une disparition, chaque minute compte…
"Pourquoi je suis reliée à lui, j’aurai le temps d’y penser plus tard, il y a urgence. Si je ne fais rien il va mourir."
Outre la qualité de l’intrigue et le suspens d’une épaisseur incroyable, Eric Pessan nous offre un récit d’une grande force au style épuré, au ton juste, d’une efficacité redoutable. Pas de formules gratuites, une narration haletante, aux phrases courtes et fluides. La frontière entre la littérature de jeunesse et de vieillesse vient d’éclater encore une fois… A-t-elle jamais existé ?
Les descriptions des lieux, de cette nature sauvage et inquiétante, des émotions contradictoires de cette héroïne malgré elle nous plonge dans un malaise permanent. Chaque page transpire la moiteur de cette forêt étouffante, chaque page palpite au rythme des respirations des deux enfants en fusion. Refermer le livre et risquer que le coeur des personnages s’arrête ? Impossible. Il faut tenir. Survivre avec eux.
"Le silence de la forêt est un vacarme feutré, tendu, qui naît de la joie des aigles autant que de la mastication des chenilles, du balancement des feuilles, comme de la brusque détente d’un prédateur vers la gorge d’une proie."
On entre très vite dans la peau de la narratrice, Julie, 15 ans, écartelée entre son quotidien d’ado et ce monde nocturne parallèle où elle doit accomplir une mission. Le mystère de la situation, fantastique tout d’abord, se raccroche régulièrement à des détails de la réalité, évitant de perdre le lecteur dans une totale fiction imaginaire. Tout est finesse de suggestion et poésie latente. À cela s’ajoute également un jeu graphique sur la composition du texte qui imprime au récit un rythme tout particulier, la pulsation d’une respiration, un rythme cardiaque qui tantôt s’emballe, tantôt ralentit, toujours dangereusement.
"Les événements me prennent sur leur dos et galopent où bon leur semble. (…)
Peut-on mourir en vrai si on meurt dans ses rêves ?"
Enfin, le tour de force narratif réside dans ce jeu sur le « Je » et le « Nous ». Lorsque Julie devient le garçon, dans ce rêve qui parait une réalité dans un autre espace-temps, le narrateur passe du Je au Nous, naturellement, organiquement. Un « Nous », véritable sésame qui permet de naviguer d’une rive à l’autre, du monde de Julie à celui du jeune garçon, entre rêve et cauchemar, entre comas et subconscient. Comment peut-on se mettre à la place d’autrui ? questionne l’auteur, à l’heure où résonne froidement la peur de l’autre.
"Je passe nos mains sur notre visage."
Une histoire d’abandon, cruelle et traumatisante.
Dernier clin d’oeil à l’univers un peu surnaturel émanant de cette forêt touffue des alentours de Hokkaido, la couverture du livre m’a tout d’abord fait penser à une toile moderne, une griffure verte et noire, presque animale… Et puis d’un coup, en penchant la tête vers la droite, la forêt et ses ombres inquiétantes me sont apparues, de la même manière qu’elles ont dû très semblablement apparaître à cet enfant allongé au sol, la tête posée sur la mousse. Cet enfant véritablement abandonné par ses parents, au Japon, pensant juste le punir quelques minutes et qui a disparu. Fait divers terrifiant réinterprété avec talent par un maître de l’intrigue, un alchimiste subtil des mots.
Je vais m’empresser d’aller dévorer ses autres ouvrages…
Merci a lecteurs.com pour m'avoir permis de recevoir et chroniquez ce livre.
J'ai mis un peu de temps avant de le lire et je suis contente de m'être lancer dedans. Julie ma fait un peu de peine, vivre deux vie a la fois n'est pas toujours de tous repos surtout quand on a 15ans.
J'aime le japon et les quelque référence m'ont plutôt fait plaisir.
Je conseil ce livre qui est rapide, plaisant et qui a une histoire qui se tiens.
C’est en sortant ce roman du carton qui lui sert d’étagère (manque de place chronique) que je me suis rendu compte que cela faisait bien longtemps que je n’avais pas lu de livres « courts » : avec 138 pages au compteur, cet ouvrage est bien différent des pavés que j’engloutis habituellement. Autant dire qu’il n’a pas fait long feu : en moins d’une heure, la dernière page était tournée ! Moi qui comptais sur lui pour m’occuper tout le temps que durerait le rendez-vous de mes parents, j’ai dû trouver une autre occupation pour la seconde partie de l’attente (j’en ai ainsi profitée pour préparer le brouillon de cette chronique).
Ce matin-là, en déposant leurs sacs de cours au pied d’un buisson et en s’accroupissant tandis que l’un d’eux entamait le décompte, Antoine et Tony n’avaient à l’esprit qu’une simple petite course amicale afin de déterminer lequel des deux était le plus rapide. Eux-mêmes étaient bien loin de se douter qu’ils allaient poursuivre cette course par-delà les limites du quartier, de la ville, du fleuve, qu’ils allaient courir côté à côte durant des jours, laissant derrière eux leurs soucis, leurs problèmes, leur quotidien. Ils étaient loin d’imaginer que leur existence toute entière allait basculer ce matin-là, lorsque sans se concerter ils ont continué de courir … aussi loin que possible.
Pour être parfaitement honnête, lorsque j’ai reçu ce roman par l’intermédiaire de mon abonnement Ecole des Max, j’étais assez sceptique : que pouvait-il y avoir de bien palpitant dans l’histoire de deux garçons qui ne font que courir ? Moi qui déteste la course à pieds et me demande régulièrement ce qui pousse tant de gens à se torturer quotidiennement en s’obligeant à courir après le temps qui passe, j’ai bien failli ne jamais donner sa chance à ce livre … Fort heureusement pour lui comme pour moi, j’avais besoin d’un roman pas trop gros à trimballer pour m’occuper dans une salle d’attente et je me suis souvenue de son existence. En effet, contrairement à ce que je craignais, il n’est pas si mal que cela, ce roman qui court !
Pour les médias, Antoine et Tony ont couru pour soutenir une cause. Mais en réalité, Antoine et Tony ont couru pour fuir la peur. Dans le cas de Tony, il s’agissait de fuir la crainte de se faire expulser vers l’Ukraine, ou pire, d’être séparé de ses parents et de ses frères et sœurs pour être placé en famille d’accueil. Antoine fuyait la violence et l’impulsivité de son père colérique. On s’attache facilement à ces deux adolescents malmenés par la vie, mais que la vie n’est pas parvenue à briser : on a envie de les voir réaliser leurs rêves, de les voir libérer de cette angoisse quotidienne, de ces chaines qui les entravent et les empêchent de vivre pleinement. Ce ne sont pas des rebelles, des voyous : si au cours de leur « fugue » (qui n’en est pas vraiment une), ils ont été amenés à voler ou à entrer par effraction dans des résidences secondaires pour trouver de quoi manger et dormir, ils ne le font jamais « de bon cœur ». Sans cette peur qui les poussait à aller toujours plus loin, jamais ils n’auraient fait cela, et j’ai beaucoup aimé les petites remarques d’Antoine à ce sujet : il se demandait parfois s’ils ne devaient pas mettre un petit mot pour s’excuser d’avoir brisé la vitre, de s’être servi dans les conserves … Ce livre montre bien que tous les jeunes des cités ne sont pas des criminels en puissance ! J’aime beaucoup ces deux garçons, qui ne cherchent finalement qu’une seule chose à travers ce marathon sauvage et improvisé : se vider l’esprit de tout ce qui, dans leur vie, est trop sombre pour être supportable …
On ne va pas se mentir, l’action est quelque peu monotone : ils courent, se procurent de quoi manger, cherchent un abri pour la nuit, puis repartent en courant. Excepté quelques conversations épisodiques, ils n’échangent pas un mot, chacun plongé dans ses propres pensées. L’esprit d’Antoine, notre narrateur, vagabonde autant que son corps, et ce sont justement ces réflexions, ces égarements, qui rendent le récit si intéressant. Antoine ne se contente pas, fort heureusement, de nous raconter leur cheminement, de nous relater mésaventures et moments de joie, il nous parle également de ses états d’âme, de ces questionnements … Il nous partage sa vision du monde qui l’entoure : une société où chacun vit les yeux rivés sur sa propre personne sans jamais les poser sur les autres, où la routine devient une prison aussi surement que la nature se voit grignotée par des villes toujours plus étendues et déprimantes. Tout comme Antoine et Tony, on peut parfois être tentés de tourner le dos à cette sombre réalité … mais tout comme Tony et Antoine ont été rattrapés par elle, nous n’avons aucun moyen de l’éviter. Alors, peut-être, faudrait-il essayer de la changer pour qu’elle soit plus humaine, moins froide ?
En bref, un petit récit très court mais très percutant, qui a su me surprendre et me faire oublier mes appréhensions premières. Une ode à la liberté et à l’amitié qui invite à profiter du moment présent et à se vider l’esprit de tout ce qui l’encombre inutilement … mais aussi à se questionner sur le bien-fondé de certains comportements de notre société. S’il risque d’ennuyer les lecteurs amoureux des intrigues pleines de rebondissements et d’actions, il fera la joie de ceux qui apprécient les réflexions sur la vie, le monde … Je le conseille tout particulièrement aux plus jeunes lecteurs de par sa petite taille : peut-être cet ouvrage leur donnera-t-il envie de faire bouger les choses, pour que notre société n’oublie pas l’importance du partage et de l’échange, pour que chacun se préoccupe des autres et non plus uniquement de lui-même …
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Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...