Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
L’indicible à pas feutrés.
Le lecteur entre par effraction dans ce livre pour ceux qui n’ont pas vécu cette perte, cet état d’être un parent orphelin de son enfant.
Pour ceux qui connaissent ce drame je pense que le texte doit résonner et les délivrer, car la justesse des différentes phases, les mots employés, les images suscitées sont d’une justesse lumineuse.
Le narrateur est le papa de Fabius 17 ans, la veille au soir il avait de la fièvre due à la grippe.
Au matin, le père ouvre les yeux sur un jour nouveau, et immédiatement l’anormalité du silence de la maison ressentie au plus profond de sa chair lui fait pressentir le drame.
En entrant dans la chambre de son fiston, il sait, de façon irrémédiable qu’il ne respire plus.
Il appelle les secours et pour ce père il y a dissociation, son corps lâche, l’esprit se vide et est englouti dans une lumière noire et son cœur tambourine à contre-temps, à contre-cœur.
Il est entouré par Christian, puis Anna la maman de Fabius dont il est séparé depuis 16 ans.
Mais il est seul, comme jamais et pour toujours.
« C’est impossible, ce n’est pas vrai, ma vie gisait là devant moi, les yeux éteints, ma vie, mon fils. »
La météo est de la partie, la neige recouvre tout de sa lumière blanche et étouffe toutes velléités de vie sans le sortir de cette enveloppe noire.
Ce papa-narrateur n’a pas d’autre nom que ce statut, cela renforce à la fois cette descente aux enfers et permet à chaque lecteur de ressentir au plus profond de lui-même ces émotions dévastatrices, ce vide abyssal.
Il y a une telle précision dans la description de ce séisme de souffrance que tout affleure dans la chair du lecteur. Qui y a-t-il de plus horrible que la perte d’un enfant ?
Sur le chemin du calvaire il y a le refus, puis les mots qui disent par fragments l’incompréhension, la colère, la révolte et surtout l’impuissance.
Les phrases sont fortes et nous transpercent jusqu’au vertige.
Il y a dans ce texte une réelle poésie, une lumière : celle de ceux qui savent.
Je ne sais comment dire que cette douleur est aussi très lumineuse, comme le soleil se reflétant sur la neige.
La beauté du style m’a fait penser à la tâche du lissier qui met en laine une œuvre en alliant plusieurs techniques de combinaisons de fibres et de couleurs. Le résultat offrant une tapisserie de Bayeux ou d’Aubusson.
©Chantal Lafon
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